Nabil Karoui:  Désormais acteur incontournable sur l’échiquier politique

Le rythme effréné que connait la scène politique, pour la formation du gouvernement Elyes Fakhfakh, personnalité chargée de cette mission, a révélé le rôle central et crucial du parti de Nabil Karoui, « Qalb Tounes » le 2ème bloc parlementaire, avec 38 députés, après celui d’Ennahdha (54 députés). Qalb Tounes est devenu aujourd’hui une pièce vitale au cœur de l’équation politique. 

Nabil Karoui a réussi, rapidement à récupérer l'initiative après avoir joué le premier rôle dans la chute du gouvernement Jamli. 

 Une décision qui n’a pas gâché les relations entre Karoui et Ghannouchi.  Ce dernier lui doit sa place au perchoir de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Un poste auquel il n’aurait jamais pu accéder sans le soutien du bloc « Qalb Tounes ». Ce qui expliquerait, probablement, la concertation et coordination permanente, entre Ghannouchi-Karoui pour sceller le destin du gouvernement Fakhfakh (gouvernement du président). 

Les deux hommes se connaissent bien depuis 2011 et leurs relations ont connu de multiples rdbondissements et tumultes. 

Rappelons que ce dernier, a dans sa première sortie médiatique, avait annoncé l’exclusion du parti « Qalb Tounes », des négociations pour la formation du gouvernement. Ainsi, il s’est jeté dans « les bras d’Ennahdha », qui, elle a tenu et tient toujours, à l’impératif de former un gouvernement d’union nationale, auquel participe « Qalb Tounes ». Une condition imposée par Ennahdha, tout au long du processus de négociations que certains observateurs ont qualifié de « simples manœuvres », pour améliorer sa position dans les concertations. Or, Ennahdha a décidé, samedi 15 février, de ne pas participer au gouvernement Fakhfakh et de ne pas lui accorder la confiance. S’il est vrai que cette décision a mis de l’huile sur le feu dans les relations avec le président de la République -qui a menacé de dissoudre le parlement si le gouvernement Elyes Fakhfakh n’obtiendrait pas la confiance- il n’en demeure pas moins, qu’elle a renforcé la relation entre Ghannouchi et Karoui, sous forme d’une "alliance politique". Ennahdha a pu, ainsi disposer d’une « carte » de taille dans les négociations ; dont elle avait besoin, dans sa bataille contre Carthage.  D’un autre côté, "Qalb Tounes » est devenu un acteur politique majeur et décisif et se présente comme l'héritier de "Nidaa Tounes", dans la continuité du consensus avec les islamistes, initié par feu le président Beji Caid Essebsi.

Nabil Karoui était l'un des acteurs majeurs de ce consensus qui a sorti la Tunisie d'une crise politique majeure et du risque de plonger dans le chaos.

Il faut dire que Elyes Fakhfakh a commis une faute irréparable dès son entrée en jeu. Dans sa première sortie médiatique, il a annoncé out de go l’exclusion du parti « Qalb Tounes » des négociations pour la formation du gouvernement. Ainsi, il s’est jeté dans « les bras d’Ennahdha », qui, elle a tenu et tient toujours, à l’impératif de former un gouvernement d’union nationale, auquel participe « Qalb Tounes ». Une condition imposée par Ennahdha, tout au long du processus de négociations que certains observateurs ont qualifié de « simples manœuvres », pour améliorer sa position dans les concertations. Or, Ennahdha a décidé, samedi 15 février, de ne pas participer au gouvernement Fakhfakh et de ne pas lui accorder la confiance. S’il est vrai que cette décision a mis de l’huile sur le feu dans les relations avec le président de la République -qui a menacé de dissoudre le parlement si le gouvernement Elyes Fakhfakh n’obtiendrait pas la confiance- il n’en demeure pas moins, qu’elle a renforcé la relation entre Ghannouchi et Karoui, sous forme d’une "alliance politique". Ennahdha a pu, ainsi disposer d’une « carte » de taille dans les négociations ; dont elle avait besoin, dans sa bataille contre Carthage.  D’un autre côté, "Qalb Tounes » est devenu un acteur politique majeur et décisif et se présente comme l'héritier de "Nidaa Tounes", dans la continuité du consensus avec les islamistes, initié par feu le président Beji Qaid Essebsi.

Dans ce contexte, il ne fait aucun doute que l'aspiration de Nabil Karoui à rassembler les partis qualifiés de « centristes », « modernistes » dans un bloc uni, est une aspiration légitime voire, importante pour le développement de la vie politique. Ce qui signifie que la critique doit être dirigée principalement vers ceux qui ont rapidement abandonné une voie difficile, mais qui pourrait être fructueuse.

Et, en dépit des fluctuations apparentes des positions de Nabil Karoui et de son parti, nul ne peut ignorer que ce parti fondé il y a quelques mois seulement, est aujourd’hui déterminant, dans l'équation parlementaire, du moins. En effet, Qal Tounes avait le dernier mot dans l'élection du Président du Parlement, dans le renversement du gouvernement Jamli et il est actuellement la pièce maîtresse dans la détermination du sort du gouvernement d'Elyes Fakhfakh. Ce rôle est dû essentiellement, à la capacité de Nabil Karoui à maintenir la cohésion du bloc de son parti, que beaucoup croyaient, facile à diviser. Nabil Karoui a également réussi à associer "pragmatisme" et "principes", et à adopter un comportement politique sous le slogan "zéro problèmes". Un comportement qui consiste à éviter de calomnier les adversaires politiques, à éviter les différends et à être ouvert au dialogue, sans pour autant abandonner les principes et les objectifs de son parti. 

Nul ne doute que la réussite de « Qalb Tounes » dans les élections législatives, en obtenant le double des sièges de certains partis ayant déployés des efforts monstres, témoigne d'une « demande sociale » pour le discours de Nabil Karoui et de son parti, d'autant plus qu’au cours des dernières années, l'appauvrissement des Tunisiens s’est accu. Cependant, lutter contre la pauvreté ne suffit pas à lui seul à s'ouvrir à d'autres catégories et franges sociales, et à jouer- et c’est possible- un rôle plus important, surtout que le vide laissé par la fragmentation de Nidaa Tounes, n’a pas encore été comblé. Cela signifie que « Qalb Tounes » - qui a réussi à dépasser le contexte difficile et non conventionnel de sa formation, parce qu'il est né d’une organisation caritative- avec succès, se trouve aujourd’hui, face à de plus grands défis. Il s’agit essentiellement, de dévoiler son programme, de démontrer sa capacité de mobiliser des compétences et autres sensibilités et de parachever la mise en place de ses structures, d’autant plus que certains estiment que « Qalb Tounes » ne dispose pas de structures régionales et locales. Quant au défi le plus difficile du parti « Qalb Tounes », il consiste à définir la nature de la relation avec le mouvement Ennahdha. Car, la pseudo-trêve ne profite à personne, que la confrontation est monopolisée par Abir Moussi, et que l'expérience du consensus, adoptée entre 2014 à 2019, a produit plus d’effets négatifs que positifs. Des défis qui pourraient attribuer à Nabil Karoui et à son parti- s'il réussit à les réaliser- des horizons plus larges et à en faire un personnage plus important et plus influent sur la scène politique à venir.